JMJ de Cracovie : oui, l'espérance est permise

Près de 35 000 jeunes français sont attendus à Cracovie cette semaine.
mercredi 27 juillet 2016 02:00
Clément Couturier
Grégory Turpin JMJ

Dans notre pays traumatisé par les récents événements de Nice, cet engagement des jeunes chrétiens est un signe d'espoir qui dépasse largement le cadre de leur appartenance à l'Église. Ce qu'ils vont vivre là-bas portera ses fruits pour tous.

 

On entend souvent que « les jeunes » ne s'engagent plus. Les grandes associations caritatives, sportives ou culturelles de la génération de nos parents, ont souvent peine à renouveler leurs troupes et leurs cadres. Nous avons tous connu un oncle, une mère, un voisin engagé avec une fidélité sans faille dans la même association pendant 20, 30 ou 40 ans.

 

Aujourd'hui, les jeunes qui adhèrent à ces organisations restent souvent peu de temps, même si les causes qu'elles défendent ou les buts qu'elles s'assignent sont nobles et profondément utiles. Symptôme de l'individualisme qui semble gangrener de plus en plus notre corps social ? Mutation anthropologique due à l'envahissement progressif des écrans dans les pratiques de cette génération si difficile à comprendre ?

 

Je crois pour ma part que la soif d'idéal, la générosité et le désir d'absolu qui nous mouvaient, nous et nos parents, restent enracinés dans le cœur de la génération qui vient. Y compris dans ses manifestations les plus sombres : on ne rêve pas de devenir kamikaze en Syrie ou en France sans une soif d'absolu gigantesque, fût-elle profondément et tragiquement dévoyée.


Il ne s'agit pas d'opposer une jeunesse chrétienne idéalisée au reste de la jeunesse française, mais de révéler, à travers les JMJ, la soif d'engagement de la génération à venir. Qu'est-ce qui anime ces milliers de jeunes qui se rassembleront la semaine prochaine, dont une part non négligeable cherche encore un sens à sa vie et n'est pas sûre des réponses ? Visiter la Pologne ? Il existe des moyens moins onéreux et plus libres. Rencontrer des jeunes de différentes cultures ? Il y a des applis pour cela et Erasmus est plus pertinent.

 

Ce que cette génération de jeunes catholiques va faire en Pologne est d'une toute autre nature. Elle qu'on dit rétive à l'autorité va écouter du fond du cœur un vieil homme fragile parce qu'il l'aide à étancher sa soif d'engagement. Parce qu'elle sent bien que cette semaine avec le pape François montre l'importance cruciale que l'Église met en elle : non comme une part de marché à conquérir, mais comme une espérance pour cette vieille notion chrétienne que l'on appelle le bien commun.

 

Pendant ces journées, dans la foule immense, la fatigue et l'inconfort, en communiant profondément avec le Christ, ils expérimenteront la joie que procurent la gratuité et le don. Une joie qui dépasse l'émotion de l'instant pour se cheviller fermement à l'âme et fait évoluer leur regard sur autrui.

 

Et la jeunesse ne rêve que de cela : d'un idéal qui la transcende, d'un défi à la hauteur de ses rêves. Pendant que l'homo festivus lambda croit encore que les participants aux JMJ vont juste « faire la fête » en Pologne ou participer à la « catho pride » : ils vont prier, se confesser, aller chaque jour à la messe, faire l'expérience de ce qui se passe pour soi et pour le monde quand on accepte de se faire un peu plus petit pour que le prochain devienne un peu plus grand.

 

Le résultat ? Il ne s'affichera pas en lettres capitales sur les unes de nos journaux. Mais c'est certain : ceux qui reviendront transformés des JMJ transformeront le monde autour d'eux, vous verrez.

 

Source : Ouest France