Le système de riziculture intensive (SRI)

La découverte agronomique du 20ème siècle !
lundi 19 décembre 2016 01:00
Sophie Mille
Article

A son arrivé à Madagascar en 1960, le Père Henri de Laulanié (jésuite et ingénieur agronome) souhaite aider le peuple malgache et travaille étroitement avec les paysans. Pour commencer, il leur a enseigné la pratique du système de riziculture amélioré (SRA), qui consiste à mettre en terre des plants de riz âgés de 30 jours et à leur assurer jusqu’à la moisson une rentrée d’eau suffisante. Le rendement moyen est de 2t/ha. Ce qui est déjà plus que le système de riziculture de base.

En 1983, la sécheresse menace le pays. Le Père de Laulanié conseille alors à ses étudiants de repiquer des plants de riz âgés de seulement 15 jours. Il espère que lorsque la pluie viendra, les plants auront atteint une certaine maturité. Evidemment, personne ne croyait que cela réussirait. Cependant, les résultats sont inattendus puisque chaque plant donne 20 à 30 épis de paddy contre 10 avec le système habituel. Cette découverte accidentelle comme celle de la pénicilline, n’est pas immédiatement reconnue. Malgré tout, le Père va plus loin dans ses travaux et décide de cultiver des plants encore plus jeunes (âgés de 12, de 10 et de 8 jours). Ceux qui adoptent la méthode voient leur production doubler.

En 1988, le Père tente d’avancer une explication scientifique à sa découverte. Il se base sur le modèle de tallage du riz avancé par un chercheur japonais du nom de Katayama. Les scientifiques et les pouvoirs publics commencent alors à s’intéresser au nouveau système. Des expériences probantes sont menées dans divers endroits de la Grande Ile.

Les essais, les expériences et les réalisations en la matière concordent en ce qui concerne les possibilités de rendements élevés pour la riziculture malgache. Ces rendements atteignent 2 à 6 fois plus que les rendements traditionnels actuels du pays.

Grâce à cette productivité très élevée, les paysans sont primés par le Ministère de l’Agriculture. Leurs exploits ont été rapportés en Chine lors de la conférence internationale et sont publiés dans le monde entier grâce aux informations transmises par Tefy Saina et CIIFAD (Cornell University). Pour diffuser la méthode du SRI, l’association Tefy Saina décide de créer des villages-écoles pilotes dans diverses régions de Madagascar. Il s’agit d’y mettre en œuvre tous les projets de développement initiés par l’association. La vulgarisation du SRI en est un élément essentiel.

C’est ainsi que cette technique va révolutionner le monde de la riziculture.

 

Sophie Mille

Equipe des Projets Rosalie