L’aumônerie hospitalière en temps de COVID

Vous doutiez de la présence de l'Eglise au sein d'un Hôpital Universitaire ?
jeudi 03 septembre 2020 02:00
Sister Bérengère NOËL & Jehanne BOUSSARD
Actualité Eglise

Mi-mars, le COVID-19 impose des mesures sanitaires : pour la direction médicale comme pour notre service d'"assistance morale, religieuse ou philosophique", notre fonction est incompatible avec du télétravail. Durant cette crise, le compagnonnage avec le personnel est primordial. "Merci de ne pas nous avoir abandonnés" disent-ils à de nombreuses reprises.

Les visites sont interdites, les patients ressentent une grande solitude. Imaginez-vous Max (30 ans) diagnostiqué avec un cancer avancé : il doit être opéré en urgence. Son état de santé se dégrade pendant 7 semaines et il est seul face à tous ses questionnements. Nous n'avons connaissance de sa situation que lorsque sa famille est rappelée pour ses dernières heures de vie. Sentiment d'impuissance : combien sont-ils dans l'hôpital à vivre pareille situation ?

Cette période nous pousse à la créativité pour être proche de chacun. Nous sommes soumises à des règles d'hygiène strictes et la question "Est-ce que cette rencontre vaut ma vie ?" se pose à nous. Un jour, la famille de Georges nous appelle : il est aux soins intensifs sous respirateur à cause du COVID. Les médecins ont atteint leur limite. Nous envoyons par mail à la famille une prière et nous nous fixons rendez-vous : le lendemain à 14h, chacun priera chez lui et nous serons à la salle de recueillement de l'hôpital. Georges recevra une bougie et un message qui lui sera lu à cette heure-là. Comme pour tant d'autres, notre souci principal est d'aider ses proches à faire leur deuil, sachant qu'ils ne le reverront plus et que les funérailles se célébreront dans l'intimité. Dans ces situations extrêmes, l'Esprit Saint souffle pour trouver des chemins "extrêmes" pour rejoindre l'autre.

Tout comme Léa souffrant d'un cancer généralisé. Elle arrive la nuit en robe de mariée aux urgences. Avec Jean, ils ont toujours reporté leur mariage, espérant qu'elle irait mieux. A la veille du confinement, elle doit être hospitalisée. Ils n'ont qu'un souhait : se marier avant qu'elle ne décède. En quelques heures, avec l'aide d'un ami diacre, nous organisons une bénédiction de leur union. C'est un grand moment : procession, bouquet de la mariée, échange des consentements, alliances... jusqu'à l'apéritif avec la famille et les membres du service ! Léa est dans une plénitude et une  joie profonde contrastant avec sa fin de vie proche et qui donne beaucoup d'espérance à tous. Une des rencontres marquantes !

Vous ne vous doutiez peut-être pas de cette présence d'Eglise au sein d'un Hôpital Universitaire ? Comme dans tous les hôpitaux du diocèse, le Christ est ainsi au cœur des drames humains que sont la maladie, la souffrance et la mort, tout spécialement en cette période de COVID.

 

Jehanne BOUSSARD

Sr Bérengère NOËL

Référentes spirituelles catholiques

CHU Sart-Tilman, Liège