Le gynécologue congolais Docteur Mukwege

le Docteur Mukwege est connu comme l’homme qui «répare» des milliers de femmes violées
mardi 08 novembre 2016 01:00
Sophie Mille
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Denis Mukwege, né le 1er mars 1955 à Bukavu dans le Sud-Kivu en République Démocratique du Congo, est un gynécologue et militant des droits humains congolais. Il est surnommé « l'homme qui répare les femmes ». Dernièrement, il a publié Plaidoyer pour la vie qui retrace son parcours.

Prix Sakharov 2014, le Docteur Mukwege est internationalement connu comme l’homme qui « répare » des milliers de femmes violées durant 20 ans de conflits à l’Est de la République Démocratique du Congo, un pays parmi les plus pauvres de la planète.

Etant plus jeune, Denis rêvait d’être pédiatre. Cependant, un jour il a accompagné son père, pasteur, en visite dans une famille dont le petit garçon était malade. Son père pria pour le petit et Denis se demanda pourquoi il ne lui donnait pas de médicaments. Son père lui répondit que seuls les médecins pouvaient prescrire des médicaments. C’est comme cela que Denis se mit en tête d’être médecin et jamais il ne dévia de ce chemin.

C’est lors d’un stage dans un hôpital que Denis découvrit la mortalité maternelle en Afrique. Il y vit des scènes horribles. Des femmes victimes de graves hémorragies suite à un accouchement… Il voulut absolument aider ces femmes, c’est ainsi que mettre des enfants au monde est devenu sa vocation.

Il ne se doutait pas alors de l’épidémie de viol que vivait le pays. C’est lorsqu’une patiente lui raconta qu’elle avait été violée par six soldats et mutilée violemment par le dernier qu’il réalisa la cruauté et l’immondice que les femmes vivaient. Au fil des mois, ces femmes se sont comptées par milliers. Il travailla jour et nuit afin de trouver des moyens médicaux pour soigner les blessures de ces femmes, des blessures que peu de chirurgiens voient et qui jamais ne s’habiteront à ces atrocités.

Décidé à réveiller le monde, Denis alla à la rencontre des dirigeants du monde, en les conjurant de refuser que le corps des femmes servent de champs de bataille. Il mit en évidence, la nouvelle arme de guerre : le viol et les mutilations sexuelles. Il échappa à une tentative d’assassinat car des personnes ne souhaitaient pas le voir parler à l’ONU. Pourtant il n’arrêta pas son combat, il dénonça le gouvernement congolais corrompu qui protège l’impunité des violeurs. Pendant un moment, Denis et sa famille se retrouvèrent sous la protection de l’ONU, malheureusement, aujourd’hui cela n’est plus le cas.

Cela ne l’empêche pourtant pas de continuer son combat. Son discours dépasse le sujet du viol. Il dénonce combien les femmes sont déshumanisées et instrumentalisées. Il met les femmes en avant car se passer d'elles équivaut à amputer le potentiel de développement d’un pays.

 

Inspiré de l’entretien du Monde Afrique : Docteur Mukwege : « Mon combat et ma franchise dérangent »

 

Sophie Mille

Equipe des Projets Rosalie